LAOS

“J’ai grandi au bord du Mékong, dans un village que l’on ne peut rejoindre qu’en bateau. Mon père cherchait de l’or dans les eaux peu profondes, et moi, je passais mes journées à observer les oiseaux, les buffles, les enfants qui jouaient dans le courant. Ici, l’eau n’est pas seulement un paysage, c’est une source de vie. Elle nourrit, relie, transforme. Quand la saison des pluies arrive, tout change. Le fleuve déborde, les chemins disparaissent, les maisons sur pilotis semblent flotter. Le Mékong redessine la carte, impose son rythme, oblige à l’adaptation.

Cela fait plus de quinze ans que j’emmène des voyageurs découvrir cette partie du Laos. Certains viennent pour voir, d’autres pour comprendre. Je me souviens d’un homme qui, un soir, m’a dit que naviguer sur le Mékong lui avait fait sentir quelque chose qu’il n’avait jamais ressenti ailleurs. Il parlait de lenteur, de force, de présence. Je crois que c’est ça, le Mékong : il ne se visite pas, il se ressent.”